Depuis plusieurs semaines, un soupçon de corruption bouleverse le Conseil présidentiel de Transition et entrave son bon fonctionnement. Smith Augustin et deux autres de ses collègues, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles, sont accusés d’avoir exigé 100 millions de gourdes au président sortant du Conseil d’Administration de la Banque Nationale de Crédit BNC, Raoul Pascal Pierre-Louis, pour le maintenir à son poste.
Des appels à la démission se multiplient au niveau de différents secteurs de la société, mais les regroupements politiques ayant désigné les Conseillers présidentiels leur ont exprimé leur solidarité jusqu’à cette correspondance du Bureau Politique National de EDE demandant à Smith Augustin de se retirer.
« Soucieux de la réussite de cette nouvelle formule de gouvernance accouchée au prix de grands sacrifices consentis par des secteurs d’horizons divers, nous pensons qu’il faut agir maintenant avant qu’il ne soit trop tard. Ainsi, en notre qualité de membres du BPN, la plus haute instance politique du Parti selon les dispositions des articles 30, 31 et 32 de nos Statuts, nous vous demandons de prendre une décision de sagesse en démissionnant de votre poste de Conseiller- Président au sein du Conseil Présidentiel », a écrit le bureau dans cette lettre adressée à M. Augustin, portant la signature du secrétaire général Claude Édouard et de plusieurs autres responsables du parti.
« Votre démission ne sera en aucun cas un aveu de culpabilité, car on ne saurait faire fi du principe de présomption d’innocence. Cependant, nous croyons que cette décision de sagesse facilitera le bon déroulement de l’enquête, empêchera la dislocation du Conseil Présidentiel et, plus généralement, garantira le déblocage de la situation dans un processus politique transitionnel déjà trop fragile », ont ajouté les responsables signataires.
Cette correspondance datée du 5 septembre 2024 coïncide avec la visite en Haïti du 3e personnage de l’administration américaine. Antony Blinken a passé quelques heures à Port-au-Prince, rencontré le président du CPT Edgard Leblanc Fils, le Premier ministre Garry Conille et des membres de la classe politique. Selon plusieurs sources, il aurait exigé le retrait des trois conseillers pointés du doigt.
Smith Augustin n’entend pas lâcher prise et se dit prêt à aller jusqu’au bout dans le but, dit-il, de défendre son honneur.