Cameroun : Quarante ans de pouvoir, et toujours la même promesse

Car enfin, de quels progrès parle-t-on ? Le Cameroun de 2025 est un pays fatigué, appauvri, divisé. Les routes se délitent, les hôpitaux manquent de tout, la jeunesse fuit à la première occasion, et les libertés publiques s’amenuisent sous la surveillance d’un régime qui n’a plus que la peur et la répression pour cimenter son autorité. Pendant que d’autres nations africaines tentent de se réinventer, Paul Biya continue de gouverner à distance, entre le luxe de Genève et les cérémonies officielles de Yaoundé.

Sa présence à Maroua, à la veille d’une nouvelle élection dont l’issue ne fait illusion pour personne, illustre le décalage abyssal entre un pouvoir usé et une population épuisée. L’homme fort du Cameroun parle encore de développement, mais son règne a produit surtout l’immobilisme. Le pays n’avance plus ; il survit.

À 92 ans, la question n’est plus celle de la persévérance, mais celle du discernement. Gouverner, ce n’est pas s’accrocher à un fauteuil jusqu’à l’épuisement du peuple. Gouverner, c’est savoir passer le relais, préparer l’avenir, ouvrir la voie à une nouvelle génération. Paul Biya, lui, a choisi l’éternité du pouvoir au détriment du futur du Cameroun.

Son dernier meeting, comme tant d’autres avant, aura servi à répéter les mêmes promesses creuses, avec la même mise en scène, le même culte de la personnalité, le même silence assourdissant face à la réalité d’un pays à bout de souffle.

Le Cameroun n’a pas besoin d’un nonagénaire infatigable, mais d’un renouveau politique véritable. Après quarante ans de pouvoir, Paul Biya ne symbolise plus la stabilité ; il incarne l’immobilisme. Et dans l’histoire des nations, c’est souvent ce dernier qui finit par tout détruire.

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