Le président américain, Joe Biden, prononce le discours d’ouverture de la première journée de la convention nationale démocrate, au United Center de Chicago, dans l’Illinois, le 19 août 2024. EVA HAMBACH / AFP
Joe Biden n’aura jamais eu droit à son lâcher de ballons, l’apothéose en bleu, blanc et rouge des conventions américaines. Ce moment de grâce pour les candidats, portés par leur base et leur parti, avant les cent jours finaux de la campagne présidentielle, lui fut dénié en 2020. En cause, la pandémie de Covid-19 qui avait contraint d’annuler la fête. Quatre ans plus tôt, il avait dû, sous la pression de Barack Obama, céder sa place à Hillary Clinton.
Et Joe Biden n’aura pas eu de ballons de rattrapage, en 2024, contraint de se retirer en juillet au profit de Kamala Harris dans la foulée de son débat calamiteux face à Donald Trump, le 27 juin. Alors pour le président des Etats-Unis, ce fut le triomphe amer, les applaudissements déchaînés à celui qui part vers son crépuscule, qui réalise toutes les figures imposées à l’ouverture de la convention nationale démocrate, lundi 19 août, avec un discours tardif à 22 h 25 heure locale (5 h 25 à Paris).
Auparavant, les délégués avaient chauffé la salle, avec des logos qui n’avaient pas eu le temps d’être marqués du sceau de Kamala Harris. On a eu des propos qui sentaient parfois le monde d’avant, avec les attaques sur la pandémie de Covid-19 et la manière dont Joe Biden, selon le narratif démocrate, a redressé le pays laissé en limbo par Donald Trump – les Etats-Unis frappés par le chômage disposaient de deux vaccins depuis novembre 2020 et l’économie rebondissait.
« Quelque chose se passe, on le sent »
Les intervenants ont rendu hommage au président, meilleur moyen de lancer la campagne de Kamala Harris. Il y eut Shawn Fain, le très combatif président du syndicat United Autoworkers, qui dévoila un beau tee-shirt rouge (« Trump est un briseur de grève. Votez Harris ») et rendit hommage à Joe Biden, né dans une famille modeste de Pennsylvanie, qui fut le premier président des Etats-Unis à se rendre, à l’automne 2023, sur un piquet de grève à Detroit (Michigan). La gauche fut heureuse sous ce mandat de Joe Biden, et il est revenu à son égérie, la représentante de l’Etat de New York Alexandria Ocasio-Cortez, de remercier aussi le président sortant. Une gauche qui, par la faiblesse de sa mobilisation, avait coûté la victoire à Hillary Clinton en 2016.
En cette convention de 2024, huit ans plus tard, tout semblait pardonné. Hillary Clinton a eu droit à de longues minutes d’applaudissements. « Il y a beaucoup d’énergie dans cette salle, quelque chose se passe, on le sent. Mais saluons le président Biden », a expliqué l’ancienne candidate, estimant que le président avait rendu « la dignité, la décence et la confiance à la Maison Blanche ». « Merci Joe Biden pour une vie consacrée à servir. »
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