Dans un document sans équivoque, signé par l’ancien Premier ministre Evans Paul, le Forum fustige une campagne de stigmatisation internationale, orchestrée notamment par Brian Nichols, Justin Trudeau et Antony Blinken, qui s’apparente davantage à une opération de communication politique qu’à une démarche de justice.

« Ces sanctions sont imposées sans procès, sans transparence, sans aucun mécanisme de recours. Ce n’est plus de la coopération, c’est une dérive arbitraire et néocoloniale », affirme le Forum.

Un contournement de l’ONU devenu système parallèle de sanctions

La résolution 2653 du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée en octobre 2022, avait pourtant posé un cadre clair : cibler les chefs de gangs et les financeurs du crime organisé, avec des garanties juridiques minimales, incluant le droit de se défendre.

Mais depuis, le Canada, suivi des États-Unis, a mis en place un régime parallèle de sanctions via sa propre législation (Loi sur les mesures économiques spéciales), contournant totalement les procédures onusiennes. Résultat : plus de 30 citoyens haïtiens ont vu leurs avoirs gelés, leur réputation détruite, leur droit de circuler suspendu, sans qu’aucune accusation ne leur soit notifiée, ni même une audition organisée.

Des sanctions sans dossier, sans trace financière, sans enquête

Le Forum dénonce une absence totale de rigueur judiciaire. Aucune traçabilité bancaire, aucun élément factuel, aucun acte d’accusation n’a été rendu public. Le simple soupçon, ou parfois l’opportunité politique, semble avoir suffi.

« Ce n’est pas une lutte contre l’impunité, c’est une instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Pendant ce temps, les vrais réseaux financiers qui soutiennent les gangs, les circuits internationaux de contrebande d’armes et de blanchiment restent intouchés », insiste la déclaration.

Une atteinte à la souveraineté nationale

Le FAPM voit dans ces sanctions une ingérence directe dans les affaires internes haïtiennes, une stratégie visant à éliminer certaines voix du débat public et à affaiblir les contre-pouvoirs politiques. Plusieurs des personnalités sanctionnées n’ont aucun lien avéré avec les groupes criminels, mais sont des acteurs majeurs du dialogue national, du secteur privé ou de la diplomatie.

Ce ciblage sans discernement contribue à déstabiliser davantage un pays déjà en crise institutionnelle.

Des recommandations fortes pour rétablir la justice

• La création urgente d’une commission internationale et haïtienne indépendante, pour auditer la légalité de ces sanctions ;

• La suspension immédiate de toutes sanctions imposées sans preuve publiable ;

• L’ouverture d’un dialogue diplomatique structuré entre Haïti, le Canada, les États-Unis et l’Union européenne ;

• La mise en place d’un organe haïtien de suivi des sanctions, garant d’équité et de transparence.

Un appel à la fin de l’humiliation diplomatique

Haïti ne peut pas être traité comme un laboratoire d’expérimentation diplomatique où le droit est secondaire. Le FAPM rappelle que la coopération internationale ne peut se faire au prix de la dignité nationale et que toute lutte contre l’impunité doit commencer par le respect du droit.

« Le temps est venu de sortir du silence. Haïti n’est pas un territoire sans loi. Il est urgent de restaurer une coopération fondée sur des preuves, des enquêtes rigoureuses et le respect de notre souveraineté », conclut le Forum.

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