Les grands médias haïtiens, autrefois considérés comme des piliers de l’information et de la vérité, s’écartent de plus en plus de leur rôle. Certains médias, qui étaient des bastions d’investigation et de défense des intérêts du peuple, ont perdu de leur prestige, laissant place à une couverture limitée et souvent biaisée. Cette érosion de la liberté de la presse est alarmante, car elle coïncide avec une montée en puissance des gangs armés qui contrôlent désormais la majeure partie de la capitale, Port-au-Prince. La peur et l’insécurité ont non seulement réduit la capacité des journalistes à travailler librement, mais ont aussi provoqué la migration forcée de nombreux professionnels des médias vers des pays plus sûrs.

En parallèle, les politiciens et les bourgeois, autrefois fervents défenseurs du peuple, semblent avoir disparu de la scène publique. Nombre d’entre eux, autrefois omniprésents dans les débats publics et médiatiques, se sont retirés dans l’ombre, peut-être par peur des représailles ou par désillusion, voire parce que leur mandat ou influence a pris fin. Cette absence des voix critiques a contribué à un sentiment d’abandon parmi la population, qui se sent de plus en plus isolée face à l’escalade de la violence et à l’effondrement de l’État.

Quant aux influenceurs et autres figures publiques, nombreux sont ceux qui ont quitté le pays pour se réfugier dans des programmes humanitaires, profiter du statut de protection temporaire (TPS) à l’étranger, ou pour s’exiler sous d’autres cieux, loin du chaos qui règne en Haïti. Leur départ symbolise non seulement la fuite des cerveaux, mais aussi la perte de toute tentative de mobiliser la société civile autour d’une cause commune.

Cette dure réalité que nous vivons depuis plus de trois ans a le mérite de permettre le dévoilement d’une grande vérité. Beaucoup d’acteurs politiques et médiatiques faisaient semblant d’embrasser la cause populaire. Pourtant, leur vrai combat n’était que pour défendre leurs propres intérêts, au détriment de la collectivité.

Dans ce contexte, il est essentiel de rappeler l’importance de la liberté de la presse et de l’engagement civique. Sans une presse libre et des voix courageuses, Haïti risque de sombrer encore plus dans l’oubli et la violence. Les médias doivent retrouver leur place de contre-pouvoir, et les politiciens, leur rôle de serviteurs du peuple, pour espérer reconstruire un pays en proie à une crise sans précédent.

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